Le président américain Donald Trump sur scène avant que ses partisans ne prennent d’assaut le Capitole le 6 janvier 2021 à Washington (AFP / Brendan Smialowski)
Donald Trump savait que certains de ses partisans étaient armés lorsqu’il leur a demandé de partir pour le Capitole le 6 janvier 2021 puis a tenté de prendre le volant d’une voiture pour le rejoindre, selon un témoin condamné remis au Congrès mardi.
Cassidy Hutchinson, une ancienne assistante de la Maison Blanche, a révélé devant une commission parlementaire les faits et gestes précis de l’ancien président lors de cette journée où la démocratie américaine a tremblé.
Selon la jeune femme, Donald Trump a tenté de saisir le volant de la voiture présidentielle à un policier des services secrets pour se mêler à ses partisans, qui défilaient au Congrès pour tenter de bloquer la certification de la victoire de Joe Biden à la présidence.
– “Emmène-moi au Capitole” –
“Je suis le putain de président, emmenez-moi au Capitole tout de suite”, aurait-il dit en tentant d’attraper le policier par le cou, selon les déclarations de Cassidy Hutchinson, chef de cabinet adjoint du président, à Cassidy Hutchinson.
“Monsieur, vous devez lâcher le volant, allez” à la Maison Blanche, aurait répondu le policier.
Cette jeune femme, qui travaillait à quelques pas du bureau ovale, a également donné des détails troublants sur ce que savait l’exécutif américain sur les violences qui se préparaient pour le “6 janvier”.
Il comprend une conversation qu’il aurait eue avec le chef de cabinet de Donald Trump, Mark Meadows, quatre jours avant l’attaque contre le Congrès américain. “Cela pourrait devenir très, très mauvais le 6 janvier”, a-t-il déclaré.
Cassidy Hutchinson, assistante de l’ancien bras droit de Donald Trump, lors d’une audition devant le Congrès le 28 juin 2022 à Washington (AFP / Stefani Reynolds)
“Cette nuit-là, je me souviens avoir ressenti pour la première fois de la peur et de l’effroi à propos de ce qui pourrait arriver le 6 janvier 2021”, a-t-il déclaré dans un témoignage qui pourrait forcer Mark Meadows à rompre le silence pour proposer sa version des événements.
Les médias américains ont rapporté plus tard que les agents des services secrets impliqués pourraient être disposés à témoigner et à nier leur récit. Interrogés par l’AFP, les services secrets n’ont pas répondu.
– “Blesser” –
En cette froide journée de janvier, des milliers de partisans de Donald Trump se sont rassemblés à Washington pour dénoncer le résultat des élections, perdu par le milliardaire républicain.
Carte de la capitale des États-Unis, Washington, localisant le Capitole, envahi par les partisans de Donald Trump en janvier 2021 (AFP/)
La commission parlementaire a révélé mardi que plusieurs personnes au sein de cette marée humaine étaient lourdement armées, l’information a alors été transmise à Donald Trump.
“Je m’en fous qu’ils soient armés, ils ne sont pas là pour me faire du mal”, a répondu le président quelques minutes avant de les inviter à “marcher jusqu’au Capitole”. Hutchinson, qui a pris ses distances avec The Trump Nebula, devant la commission d’enquête parlementaire.
Depuis près d’un an, cette commission a entendu plus de 1 000 témoins, dont deux fils de l’ancien président, et a épluché 140 000 documents pour faire la lumière sur les manœuvres précises de Donald Trump avant, pendant et après cet événement qui a provoqué une onde de choc mondiale.
– Ketchup sur les murs –
Ces neuf élus – sept démocrates et deux républicains rejetés par son parti – accusent Donald Trump et son entourage d’être au cœur d’une “tentative de putsch”.
Des partisans de Donald Trump prennent d’assaut le Capitole le 6 janvier 2021 à Washington (AFP/Olivier DOULIERY)
Accompagnés de vidéos et de témoins, ils ont détaillé tout au long du mois de juin les pressions exercées de toutes parts par le milliardaire pour rester au pouvoir, jusqu’à l’assaut du Capitole par ses partisans.
L’épisode de la limousine présidentielle n’a pas été la seule flambée de violence de Donald Trump pendant la période où il a tenté de renverser le résultat de l’élection, a-t-il témoigné mardi.
Cassidy Hutchinson a également évoqué la journée du 1er décembre 2020 où le ministre américain de la Justice, Bill Barr, a déclaré dans une interview qu’il n’avait pas trouvé suffisamment de “fraude” pour invalider la victoire électorale de Joe Biden à l’élection présidentielle. Ensuite, prétendument, le milliardaire a jeté une assiette en porcelaine sur le sol et jeté de la sauce tomate sur un mur de la Maison Blanche, a-t-il déclaré.
Des partisans du président américain Donald Trump à l’intérieur du Capitole, le 6 janvier 2021 à Washington (AFP/Saul LOEB)
Donald Trump, qui flirte ouvertement avec l’idée de briguer la présidence en 2024, a dénoncé avec véhémence toutes ces révélations.
“Il est tordu et faux, comme tout le travail de la commission”, a-t-il critiqué dans une série de posts sur son réseau social Truth Social.
Démontrant le profond clivage politique qui divise l’Amérique, son parti, que Donald Trump contrôle toujours d’une main de fer, s’est déjà engagé à enterrer les conclusions de cette commission si elle prenait le contrôle de la Chambre des représentants en milieu de midi. Élections législatives de novembre.