Variole du singe : 3 000 cas en Europe, 440 en France

Paris, mercredi 29 juin 2022 – L’épidémie de monkeypox continue de se propager dans le monde, mais l’OMS reste méfiante face à la gravité de la situation.

Pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il n’y a toujours pas lieu de s’alarmer. Alors que l’épidémie de monkeypox continue de progresser dans le monde, l’instance onusienne a refusé ce samedi, à l’issue d’une réunion de son comité d’urgence, de qualifier cette zoonose d’« urgence de santé publique internationale ». Cependant, le directeur de l’OMS, Tedros Ghebreyesus, a immédiatement précisé que la maladie était une “préoccupation croissante” et a appelé les États à intensifier leurs efforts pour lutter contre le virus. Il a également précisé qu’en fonction de l’évolution de la situation, l’OMS pourrait changer de position et déclarer l’état d’urgence sanitaire.

Rappelons qu’en janvier 2020, l’OMS a d’abord refusé de qualifier le Covid-19 d’urgence internationale, avant de changer d’avis une semaine plus tard.

Symptômes aveugles

Selon les derniers rapports publiés, il y a 3 400 cas confirmés de monkeypox dans le monde, dont 3 000 en Europe. Une situation qui a conduit l’OMS à qualifier le risque pour la santé en Europe de “élevé”. Les pays les plus touchés sont le Royaume-Uni (793 cas), l’Allemagne (521 cas) et l’Espagne (520 cas). Un seul décès a été signalé, au Nigeria. En France, Santé publique France a fait état mardi de 440 cas confirmés depuis début mai. À l’exception d’un enfant et d’une femme, tous les personnes infectées sont des hommes adultes, pour la grande majorité des homosexuels. Aucun cas grave n’était à déplorer.

La plupart des infectiologues et épidémiologistes s’accordent à dire que le nombre réel de cas est en fait beaucoup plus important et que les cas confirmés ne sont que la pointe de l’iceberg. Le dépistage en est encore à ses balbutiements et de nombreux patients présentent des symptômes indiscriminés qui peuvent facilement être confondus avec ceux de l’herpès ou d’une IST. Plus généralement, les médecins constatent que les patients peuvent présenter des formes différentes de celles décrites dans les ouvrages, avec parfois des lésions cutanées peu nombreuses et très localisées dans la région génito-anale. Il faut dire que la variole, observée pour la première fois chez l’homme en 1970, est une maladie rare et peu connue.

La France autorise le tecovirimat

Cette flambée épidémique soudaine en dehors des zones de circulation normale du virus (Afrique de l’Ouest et du Centre) pourrait être due à une mutation du virus. Selon des chercheurs de l’université d’Edimbourg, le virus qui circule actuellement en Occident présente 47 mutations par rapport aux souches communément observées en Afrique, alors que ce virus à ADN ne mute normalement qu’une ou deux fois par an. Ces mutations auraient pu augmenter la capacité de transmission interhumaine du virus, jusqu’ici considérée comme faible. Selon des scientifiques écossais, les mutations observées remonteraient à 2017, laissant entendre que cette variante du virus aurait circulé pendant plusieurs années sans être détectée.

De plus, la lutte contre le virus s’intensifie. Plusieurs pays, dont la France, recommandent aux personnes ayant des cas contacts de se faire vacciner avec le vaccin Imvanex, initialement conçu pour protéger contre la variole humaine. Le Royaume-Uni, le Canada et certains États américains vont encore plus loin en proposant ce vaccin à tous les homosexuels à risque. Le laboratoire danois Bavarian Nordic, qui produit ce vaccin, affirme pouvoir répondre à la nouvelle demande et dispose de plusieurs millions de doses en stock. Enfin, un arrêté publié mardi au Journal officiel a autorisé l’utilisation chez les personnes infectées du tecovirimat, un antiviral également initialement créé pour lutter contre la variole humaine.

Nicolas Barbert

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