Les Bleues célèbrent leur victoire contre les Pays-Bas en quart de finale du tournoi de football féminin Euro 2022 au New York Stadium de Rotherham, en Angleterre, le 23 juillet 2022. LINDSEY PARNABY / AFP
Les plus superstitieux parlaient de malédiction. Les autres commençaient à trouver le temps (très) long. Tout le monde se demandait si, face à son incapacité répétée depuis dix ans, et les JO de 2012, à atteindre les quarts de finale d’un grand rendez-vous international, l’équipe de France féminine de football trouverait enfin les ingrédients qui lui permettraient de renverser ce qui ressemblait. comme un plafond de verre.
Samedi 23 juillet, sous la verrière du New York Stadium de Rotherham (Angleterre), les Français ont finalement cassé le mauvais signe en battant les Pays-Bas (1-0) et en se qualifiant pour les demi-finales de la Coupe d’Europe.
“Les filles n’ont pas abandonné et je pense que c’est magnifique. La constance de cette soirée a payé”, a résumé, soulagée, la coach des Bleus Corinne Diacre en fin de match. Il a fallu, dans ce cas, partir après une prolongation, après avoir laissé le tableau d’affichage vide (0-0) à la fin du temps réglementaire.
Mais le résultat est là : après trois échecs consécutifs aux portes de la demi-finale d’une Coupe d’Europe (2009, 2013, 2017), ce 23 juillet restera une soirée historique pour l’équipe féminine qui s’est imposée, en plus, devant du défenseur. champions
L’intensité retrouvée
En Bleue depuis 2011, Wendie Renard, qui dispute son troisième Championnat d’Europe, avait donné le ton : “Le passé fait partie de mon histoire mais aussi de celle de l’équipe nationale. Et ensemble, nous le changerons. Il va falloir souffrir ensemble, s’amuser aussi, jouer, lâcher prise. »
Corinne Diacre avait choisi de renouveler le même onze qui avait battu l’Italie en match d’ouverture (5-1). “La France est la favorite. Une équipe avec une telle qualité doit au moins se battre pour le titre dans chaque grande phase finale”, l’internationale néerlandaise Anouk Dekker, vainqueur de l’Euro 2017, mais absente pour cet Euro, prévu avant le match pour Le Monde.
“Je pense qu’ils vont aborder ça comme ils l’ont fait contre l’Italie et qu’on aura un match plus dynamique”, a ajouté Camille Abily pour son équipe avant la rencontre. L’ancien international aux 183 matchs avait raison.
Les Tricolores auraient pu éviter plus efficacement les sueurs froides et les trente minutes supplémentaires, mais la troisième nation de la FIFA a réussi à assumer son statut. Dès les premiers instants, les Français ont fait preuve de régularité, prenant à la gorge le milieu de terrain néerlandais, reconnu comme l’un des meilleurs au monde.
Selma Bacha, l’option payante de Corinne Diacre
La fameuse “synergie” évoquée par Corinne Diacre à l’issue du récital d’ouverture contre les Transalpines a refait surface au meilleur moment, face à une équipe batave réduite, sans Lieke Martens et la gardienne titulaire blessée Sari van Veenendaal, et avec une Vivianne Miedema, la ‘star de l’équipe néerlandaise, en mauvaise forme, après avoir contracté le Covid-19.
Malgré une domination écrasante (33 tirs à 9), le manque de réussite de la Française, qui a eu trois occasions nettes en première période, avec un tir sur le poteau de Delphine Cascarino et deux arrêts sur la ligne de Van de Gragt, pourrait faire revivre les vieux fantômes des éditions précédentes. Surtout quand Wendie Renard a imploré le ciel lorsque sa tête sur corner a été dégagée par Daphne van Domselaar en fin de partie (93).
La Française Selma Bacha au New York Stadium de Rotherham (Angleterre), le 23 juillet 2022. JON SUPER / AP
Mais une bouffée d’air frais a été trouvée à l’heure de jeu, lorsque l’entraîneur a choisi d’aligner Selma Bacha à la place de Melvine Malard, marquant le début d’un remaniement tactique, avec Kadidiatou Diani à l’avant et Delphine Cascarino à droite.
Selma Blacha n’a cessé de multiplier les centres et les avancées. La joueuse lyonnaise, élue joueuse du match, a aussi été à l’origine de ce qui aurait dû être le but vainqueur si Grace Geyoro n’avait pas raté l’inévitable d’une tête juste devant le but adverse (88e)
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A la 99e minute, Kadidiatou Diani a été fauchée par Dominique Janssen. Après quelques instants de négociation devant l’écran d’assistance vidéo, l’arbitre a désigné le point de penalty. Aux tirs au but, Wendie Renard a laissé Eve Perisset exécuter la sentence (102a), son 4e but en sélection, sans doute le plus important.
Joli mépris de l’histoire, elle qui avait raté les quarts de finale de l’Euro 2017 s’est inclinée face à l’Angleterre, sur penalty. Et un but 100% “génération 1994-1995”, provoqué par Diani et transformé par Chelsea.
La défenseuse Eve Perisset après son but contre les Pays-Bas à la 99e minute en quart de finale de l’Euro 2022 au New York Stadium de Rotherham, en Angleterre, le 23 juillet 2022. LINDSEY PARNABY / AFP
“Cette génération a tout gagné : elle est championne du monde des moins de 17 ans, championne d’Europe des moins de 19 ans, médaillée de bronze aux championnats du monde des moins de 20 ans. Ce sont des filles qui sont attirées par les titres. Il est temps de conclure avec beaucoup de brio”, résume l’ancien coach des jeunes, Gilles Eyquem.
Allemands plus froids
L’objectif est clair, comme le rappelait Corinne Diacre, le 14 juin, lors de la préparation, à Clairefontaine : “C’est de faire six fois quatre-vingt-dix minutes, au moins. Autrement dit, atteindre la finale, le 31 juillet à Wembley.
Avant cela, il faudra d’abord se débarrasser des Allemands en demi-finale. Et ce ne sera pas une tâche facile. Le pedigree de la Frauen-Nationalmannschaft est éloquent : huit titres continentaux, dont six d’affilée entre 1995 et 2013. S’ils ont été maltraités par l’équipe autrichienne en quart de finale, les Allemands ont marqué la différence avec réalisme (2-0) . .
L’Allemagne est la seule équipe du tournoi qui peine encore à ne pas avoir encaissé de but depuis le début de la phase finale. La fraîcheur peut également être un paramètre important. Les coéquipières d’Alexandra Popp ont disputé leurs quarts de finale deux jours avant celui de la Française, et bénéficient donc de quarante-huit heures de repos supplémentaires, et trente minutes de moins dans les jambes.
Mais l’équipe de France peut désormais quitter Rotherham, où elle a disputé ses quatre premiers matchs, avec un sentiment d’accomplissement. Maintenant au sud vers Milton Keynes le 27 juillet pour une place en finale de l’Euro.
Walid Kachour (Rotherham, Angleterre, envoyé spécial)