De 11 à 13 ans, Anne est victime d’un fer à repasser. Une mutilation méconnue mais répandue dans certains pays africains, qui consiste à écraser la glande mammaire des jeunes filles afin de ralentir le développement du sein. On a alors dit à Anne qu’il s’agissait d’un “massage des seins” pour empêcher les garçons de la regarder et se concentrer sur ses études.
Désormais installée à Toulouse et mère de trois enfants, la jeune femme a réussi à trouver un certain équilibre dans sa vie, mais le traumatisme qu’elle a subi la hante toujours. La reconstruction mammaire dont il a bénéficié il y a quelques années n’effacera probablement jamais totalement les blessures psychiques encore enracinées.
Pour Anne, le calvaire a duré deux longues années. A l’aube, sa grand-mère l’emmenait dans l’arrière cuisine de la maison où ses tantes et cousins l’attendaient pour lui brûler la poitrine avec une pierre tout juste sortie des braises. Puis, comme si de rien n’était, les femmes de la famille envoyèrent la petite Anne, blessée, à l’école. “Tout ce que je sais, c’est que je n’ai rien dit. Je pensais que c’était mon tour et que je devais me taire.”
Un jour, à l’âge de 13 ans, Anne apprend que sa petite sœur vient de subir le même sort. Folle de rage, Anne menace ses bourreaux de tout révéler à sa mère, qui vit en France, et d’engager un avocat. Dans sa famille, le fer à repasser s’arrêtait pendant la nuit. Mais “il y a toujours des filles, dans certains pays africains en tout cas, qui subissent ça en silence”, déplore Anna. Elle appelle les nombreuses victimes à sortir du silence et demande que le plastron soit soutenu par l’OMS, au même titre que l’excision.