Pour pénétrer dans une cellule hôte, la particule traverse la membrane cellulaire, constituée de 2 couches de lipides. Le virus fait une «prise massive» du système de traitement des graisses du corps, accumulant des dépôts de graisse cellulaire qui lui permettent de séquestrer la machinerie moléculaire du corps et de provoquer la maladie COVID. Ces lipides sont vraiment essentiels à la capacité du virus à se répliquer.
La découverte du rôle clé des graisses pour le SARS-CoV-2
L’étude : l’évaluation in vitro de l’effet du SRAS-CoV-2 sur plus de 400 lipides et 2 lignées cellulaires humaines différentes permet aux scientifiques d’observer un changement massif des taux de lipides, certaines graisses augmentant leurs taux jusqu’à 64 fois. Dans une lignée cellulaire, près de 80 % des graisses ont été altérées par le virus ; d’autre part, les taux d’un peu plus de la moitié des lipides ont été modifiés.
- Les lipides les plus touchés sont les triglycérides, des lipides cruciaux pour la santé, qui nous permettent de stocker de l’énergie et de maintenir les membranes cellulaires en bonne santé ;
- Le SRAS-CoV2 augmente non seulement le nombre de triglycérides dans nos cellules, mais modifie également une grande partie de notre système de traitement des graisses, modifiant la capacité du corps à utiliser les graisses comme carburant ;
- L’étude des effets de 24 des 29 protéines virales sur les niveaux de lipides révèle une poignée de protéines virales dont l’effet sur les niveaux de triglycérides est particulièrement fort. Sur la base de ces résultats, l’équipe a recherché dans les bases de données des composés susceptibles d’altérer le système de traitement de la graisse corporelle. Plusieurs sont efficaces pour empêcher le virus de se répliquer en laboratoire.
Une nouvelle voie thérapeutique : l’exposition in vitro du virus en culture cellulaire à des médicaments amaigrissants (comme l’Orlistat) et autres composés ciblant les graisses confirme que, privé de son carburant, le virus arrête de se répliquer en 48 heures. Ces résultats in vitro devront être confirmés par d’autres recherches. Cependant, la découverte de ce processus, nécessaire à la réplication du virus, est une étape importante dans la compréhension du processus infectieux.
“C’est le début d’un très long voyage”
commente l’un des auteurs, Fikadu Tafess, professeur de microbiologie moléculaire et d’immunologie à l’Oregon Health & Science University (OHSU, Portland). “Nous avons encore beaucoup à apprendre sur les mécanismes de la maladie.”
La graisse et le surpoids sont des facteurs de forme sérieux : l’étude aide également à expliquer pourquoi les personnes ayant un indice de masse corporelle (IMC) élevé et des conditions telles que les maladies cardiovasculaires et le diabète sont plus sensibles à la maladie.
“Les lipides sont un composant important de la cellule. Ils aident à garder nos cellules intactes et sont une source importante de stockage d’énergie pour notre corps, mais ils sont une cible tout aussi attrayante pour un virus. Le virus se réplique, il a besoin d’un apport continu d’énergie et cette énergie peut être apportée sous forme d’acides gras ».