La médaille Fields pour Hugo Duminil-Copin, mathématicien probabiliste de 36 ans et “percolateur” universel

Hugo Duminil-Copin, à l’Institut des hautes études scientifiques, à Bures-sur-Yvette (Essonne), avril 2017. MARIE-CLAUDE VERGNE / IHES

Et treize. L’école française de mathématiques vient d’être à nouveau récompensée, mardi 5 juillet, par une médaille Fields, distinction décernée tous les quatre ans depuis 1936, lors du Congrès international des mathématiciens, pour les progrès dans la discipline réalisés par les chercheurs de moins de 40. .

Hugo Duminil-Copin, en août à 37 ans, était élève à l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm, comme dix autres de ses prédécesseurs nationaux, mais le “conformisme” s’arrête là. Comme seulement deux avant lui, il n’a pas fait sa thèse à Paris, ni passé par le CNRS. Son professeur de master à l’Université d’Orsay d’alors, Wendelin Werner (médaille Fields en 2006), lui propose en 2008 de faire sa thèse en Suisse, à l’Université de Genève, avec le futur lauréat Fields 2010, Stanislav Smirnov. . « A la fin de la soutenance de thèse, un responsable de l’université m’a proposé un poste ! se souvient Hugo Duminil-Copin, passé par les formalités pour être nommé en 2013. Trois ans plus tard, le mathématicien est coupé en deux, et à 31 ans il devient également professeur permanent à l’Institut depuis Hautes Etudes Scientifiques (IHES) , désormais couronné de huit médailles Fields, et installé dans la ville de son adolescence, à Bures-sur-Yvette (Essonne). “Nous nous réjouissons de ce succès qui valide notre modèle, où nos professeurs bénéficient d’une grande liberté, d’une assistance administrative qui les soulage et de la possibilité de travailler avec de nombreux visiteurs pour de longs séjours”, déclare Emmanuel Ullmo, directeur de l’IHES.

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La coïncidence de lieu fait sourire le nouveau lauréat, un probabiliste qui à l’époque ne connaissait rien à cet établissement prestigieux. Tout comme il ne savait pas, lorsqu’il suivait ses cours, que Wendelin Werner avait remporté la médaille Fields. Ou comme il s’en était souvenu, deux jours avant l’épreuve, qu’il avait dû vaincre l’agrégation. « J’avais peur d’être la première personne normale à perdre cette compétition ! », lance, sans conviction, Hugo Duminil-Copin, qui, après d’intenses révisions pour l’oral, sera en deuxième position, un rang conforme à celui de leurs aînés.

Ce genre d’accélération, ou de “gifle”, comme il le dit, était une habitude. Arrivé de la banlieue du lycée Louis-le-Grand à Paris dans un premier temps, il est le dernier d’une classe d’élite en ce début d’année, avant d’être le premier.

Rigueur, intuition et curiosité

« Quatre probabilistes en cinq promotions, ça va faire parler », sourit en souriant celui qui a choisi ce domaine des probabilités grâce à son professeur alors « exceptionnel », Jean-François Le Gall. « En fait, je préfère dire que je fais de la physique-mathématiques, plutôt que des probabilités, car cela concilie deux passions d’enfants, les mathématiques et la physique, la première pour la rigueur, la seconde pour l’intuition et la curiosité. pour comprendre les phénomènes naturels. »

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