“Ensemble, le G7 annoncera que nous allons interdire l’or russe, une source majeure d’exportation, ce qui privera la Russie de milliards de dollars”, a tweeté le président américain Joe Biden.
Les sept grandes puissances (Allemagne, États-Unis, France, Canada, Italie, Japon, Royaume-Uni) officialiseront leur engagement à l’issue de la réunion de mardi, mais Washington, Londres, Ottawa et Tokyo sont déjà là, ils se sont concentrés.
Cet embargo sur l’or fraîchement extrait en Russie, sans s’attaquer à l’or déjà vendu, “va directement s’attaquer aux oligarques russes et s’attaquer au coeur de la machine de guerre de Poutine”, a déclaré le Premier ministre britannique Boris Johnson.
Risque de “fatigue”
L’Occident a déjà pris plusieurs séries de sanctions contre la Russie, dont la guerre contre l’Ukraine est entrée dans son cinquième mois.
Mais le gouvernement ukrainien en appelle à plus, après les frappes russes à Kyiv dimanche matin, un acte de “barbarie” dénoncé par M. Biden.
Face au risque de “fatigue”, évoqué par Boris Johnson du camp occidental, le président américain a lancé un nouvel appel à l’unité du G7 et de l’Otan contre Moscou.
Vladimir Poutine espérait que “d’une manière ou d’une autre, l’OTAN et le G7 se sépareraient. Mais nous ne l’avons pas fait et nous ne le ferons pas”, a déclaré Biden dans une interview avec Olaf Scholz.
Hôte du sommet, la chancelière allemande a également salué l’unité des Alliés, à laquelle “Poutine ne s’attendait pas”, appelant chaque pays à “partager la responsabilité” pour faire face aux défis grandissants de ce conflit qui approche dans sa durée.
Alors que les troupes russes avancent dans le Donbass, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’exprimera par vidéoconférence lundi.
Boris Johnson et Emmanuel Macron “ont convenu qu’il s’agissait d’un moment critique pour l’évolution du conflit et qu’il était possible d’inverser le cours de la guerre”, selon un porte-parole du gouvernement britannique.
Pas de solution négociée “maintenant”
Le Premier ministre britannique a toutefois mis en garde contre toute tentation d’une solution négociée “maintenant” en Ukraine avec le risque de prolonger “l’instabilité mondiale”.
Face au panorama spectaculaire des sommets alpins, les dirigeants ont enlevé leurs cravates pour la traditionnelle photo de famille, bref répit avant plusieurs séances de travail.
Le conflit et ses répercussions occuperont une grande partie de la discussion avec les premières interviews consacrées à la tourmente économique mondiale, des menaces de pénuries alimentaires à l’inflation galopante, en passant par la crise énergétique.
Joe Biden veut aussi montrer à ses alliés que faire face à la Russie et faire face à la Chine sont des objectifs complémentaires, et non opposés.
Le G7 veut notamment contrer la Chine et ses « nouvelles routes de la soie » en investissant massivement dans les infrastructures des pays défavorisés d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. Un projet dont les dirigeants font le point dimanche.
Des dirigeants faibles
Les dirigeants d’Indonésie, d’Inde, du Sénégal, d’Afrique du Sud et d’Argentine ont également été conviés à ce sommet annuel, alors que les Occidentaux cherchent à élargir le front des démocraties unies face à la menace d’un bloc formé par la Russie et la Chine.
Ces économies émergentes sont aussi particulièrement exposées au risque de pénurie alimentaire, à l’explosion des coûts de l’énergie exacerbée par la guerre d’Ukraine et à la crise climatique.
Les acteurs du climat attendent des avancées concrètes du G7, notamment une “planification” de l’élimination complète des énergies fossiles. Une urgence que Greenpeace entend rappeler en déployant une banderole au sommet de la Zugspitze, le point culminant d’Allemagne dominé par Elmau.
Des discussions bilatérales complètent les séances, à commencer par la rencontre entre Olaf Scholz et Joe Biden, deux dirigeants en position difficile dans leur pays.
La chancelière allemande parie sur ce G7 pour retrouver sa popularité déclinante ces derniers mois, sans afficher un soutien ferme à Kyiv.
Le président américain fait face à une Amérique encore plus fracturée après que la Cour suprême a contesté le droit à l’avortement, dans un pays durement touché par une forte inflation.
Le Français Emmanuel Macron n’a pas obtenu la majorité absolue à l’Assemblée nationale il y a une semaine et devra composer avec d’autres partis, une obligation sans précédent pour lui. Quant à M. Johnson, affaibli par le “Partygate”, a vu son parti perdre deux élections locales cette semaine et semble être à l’heure.