L’OTAN s’engage à soutenir Kyiv, Poutine dénonce les “ambitions impérialistes” de l’Alliance. Information fournie par l’AFP • 29/06/2022 à 23h13

Un homme passe devant un char russe détruit exposé au centre de Kyiv le 29 juin 2022 (AFP / Sergei SUPINSKY)

L’OTAN s’est engagée mercredi à soutenir l’Ukraine aussi longtemps que nécessaire face à la “cruauté” de la Russie lors d’un sommet à Madrid, alors que le président russe a dénoncé les “ambitions impérialistes” de l’Alliance qui cherche à affirmer “l’hégémonie”.

“L’Ukraine pourra compter sur nous aussi longtemps qu’il le faudra”, a déclaré le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, évoquant une “obligation morale et politique” pour l’Alliance atlantique, qui s’est réunie jusqu’à jeudi à Madrid, où a été validé le futur élargissement à la Suède. et la Finlande.

Dans une déclaration commune, les pays membres de l’OTAN, qui ont déjà fourni des milliards de dollars d’armes à Kyiv, ont précisé qu’ils s’étaient mis d’accord sur un nouveau plan d’aide qui impliquerait la “livraison d’équipements militaires non létaux” et le renforcement des défenses de l’Ukraine contre cyber-attaques.

“L’effroyable cruauté de la Russie cause d’immenses souffrances humaines et des déplacements massifs”, ont-ils écrit, affirmant que Moscou était “entièrement responsable de cette catastrophe humanitaire”.

Des annonces saluées par le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, qui a tenu cette position “forte” et “lucide” sur la Russie.

En réponse aux déclarations des dirigeants de l’OTAN, le président russe Vladimir Poutine a dénoncé mercredi lors d’une conférence de presse à Achkhabad, la capitale turkmène, les “ambitions impériales” de l’Alliance de l’OTAN, qui, selon lui, cherche à affirmer son “hégémonie” via l’Ukraine. conflit.

“L’Ukraine et le bien du peuple ukrainien ne sont pas l’objectif de l’Occident et de l’OTAN, mais un moyen de défendre leurs propres intérêts”, a-t-il déclaré.

– “Menace importante” –

Le sommet de l’OTAN a permis aux pays membres de l’Alliance d’adopter une nouvelle feuille de route stratégique décrivant la Russie comme “la menace la plus importante et la plus directe pour la sécurité alliée”.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’exprime par visioconférence avant le sommet de l’OTAN à Madrid le 29 juin 2022 (AFP / GABRIEL BOUYS)

“Nous ne pouvons pas exclure la possibilité d’une atteinte à la souveraineté ou à l’intégrité territoriale des Alliés”, indique ce document, qui n’avait pas été revu depuis 2010.

Cette nouvelle feuille de route pointe également pour la première fois vers la Chine, qui, selon l’Otan, pose un “défi” à sa “sécurité”.

Faisant preuve d’unité, les pays de l’OTAN ont validé un renforcement de leur présence militaire sur le flanc Est de l’Alliance, qui portera le nombre de ses “forces de haute préparation” à plus de 300.000 soldats.

“Il s’agit de la réorganisation la plus importante de notre défense collective depuis la guerre froide”, a souligné Jens Stoltenberg.

“Nous sommes là” et “nous prouvons que l’OTAN est plus que jamais nécessaire”, a insisté le président américain Joe Biden, qui a annoncé à son tour un renforcement de la présence militaire américaine dans toute l’Europe et notamment dans les pays baltes.

– Veto turc à gauche –

Le sommet de Madrid a également permis d’enclencher officiellement le processus d’adhésion de la Suède et de la Finlande, qui ont décidé de rejoindre l’OTAN en réaction à l’offensive russe en Ukraine, rompant avec une longue tradition de non-alignement.

(gd) Le président turc Recep Tayyip Erdogan, son homologue américain Joe Biden et le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg le 29 juin 2022 à Madrid (AFP / GABRIEL BOUYS)

Cette adhésion était jusqu’ici bloquée par la Turquie, qui accusait notamment Stockholm et Helsinki d’héberger des militants de l’organisation kurde PKK, qu’Ankara considère comme “terroriste”.

Mais après de longues négociations, Ankara a donné mardi soir son accord pour l’entrée dans l’Otan de ces deux pays nordiques, le président turc Recep Tayyip Erdogan, estimant avoir obtenu sa “coopération de repli” dans sa lutte contre le PKK.

Ce prochain élargissement de l’OTAN aux deux pays nordiques a provoqué la colère de Moscou.

C’est “un facteur profondément déstabilisant dans les affaires internationales”, a déclaré le vice-ministre des Affaires étrangères Sergueï Riabkov, qui a dénoncé une attitude “agressive” envers la Russie.

Travailleurs dans les décombres d’un centre commercial touché par des missiles russes le 29 juin 2022 à Krementchouk, Ukraine (Service de presse du Service d’urgence de l’État d’Ukraine / STR)

Dans un communiqué, la diplomatie russe a également menacé la Norvège de représailles, accusant le pays membre de l’Otan de bloquer le transit de marchandises vers les Russes stationnés dans un archipel arctique norvégien, le Svalbard.

Vladimir Poutine “attendait moins de l’Otan sur son front occidental” mais “avait complètement tort”: “il gagne plus de l’Otan”, a déclaré le Premier ministre britannique Boris Johnson après l’accord trouvé à Madrid.

– “Pic d’intensité” –

Sur le terrain, l’Ukraine a cependant continué de payer le prix fort de la guerre, avec de nouvelles attaques meurtrières contre des civils, notamment à Mikolaiv (sud), où cinq personnes sont mortes dans une grève dans un immeuble résidentiel, selon les autorités régionales.

Carte de la situation en Ukraine du 29 juin à 7h GMT (AFP/)

L’attentat a eu lieu deux jours après une frappe qui a ravagé un centre commercial bondé à Krementchouk, à 330 kilomètres au sud-est de Kyiv, et fait au moins 18 morts et une quarantaine de disparus, selon le gouvernement ukrainien.

M. Poutine a rejeté mercredi soir la responsabilité de l’armée russe dans la grève. “Notre armée ne frappe aucun site d’infrastructure civile”, a-t-il déclaré.

A Lyssytchansk, dans l’est de l’Ukraine, la “fréquence” des bombardements russes est “énorme”, a estimé le gouverneur de la région de Lougansk, Sergei Gaidai. “Nous assistons à un pic d’intensité dans les combats”, a-t-il poursuivi à la télévision ukrainienne.

Par ailleurs, les autorités ukrainiennes ont annoncé avoir récupéré 144 soldats, dont 95 “défenseurs d’Azovstal” à Marioupol, dans le cadre du “plus grand échange (de prisonniers avec Moscou) depuis le début de l’invasion russe”.

Dans une vidéo mercredi après-midi, Zelensky a également annoncé qu’il mettait fin aux relations diplomatiques avec la Syrie, après que le régime de Damas a reconnu l’indépendance des républiques séparatistes pro-russes de Donetsk et Lougansk, soutenues par Moscou depuis 2014.

Fleurs, bougies et peluches abandonnées devant le centre commercial Krementchouk au lendemain d’une attaque au missile russe le 28 juin 2022 en Ukraine (AFP / Genya SAVILOV)

Le ministre britannique de la Défense, Ben Wallace, a déclaré mercredi que la Russie avait “échoué dans tous ses principaux objectifs” au niveau militaire. La guerre a un “coût énorme” pour Moscou, a-t-il dit dans une interview à la radio LBC, estimant à “25.000” le nombre de soldats russes tués depuis le début du conflit.

Un rapport attribué par Boris Johnson à la “toxicité masculine” de Vladimir Poutine. “Si Poutine était une femme, (…) je ne pense vraiment pas qu’elle se serait lancée dans cette folle guerre sexiste”, a déclaré le Premier ministre britannique à la chaîne de télévision allemande ZDF.

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