Il a fait rêver la foule mais a aussi cristallisé de nombreuses critiques. L’ambitieux projet de l’Arbre aux Hérons, qui devait voir le jour en 2027 sur la parcelle du Jardin extraordinaire face à la Loire, a finalement été abandonné, a annoncé ce jeudi Johanna Rolland (PS), maire de Nantes et présidente de la métropole nantaise. “Le contexte d’urgence sociale et écologique doit guider toutes nos décisions, justifie-t-il. Ce choix est celui de la raison. »
Cette monumentale structure métallique de végétation, haute de 35 m, était la troisième étape du grand projet Island Machines, après l’éléphant et le Carrousel des Mondes Marins. Il devait être rempli de créatures mécaniques actuellement présentées dans la galerie des machines. Le public aurait pu errer de branche en branche.
Le coût avait augmenté
Longtemps soutenu par la mairie de Nantes, le projet était déjà fragilisé par l’augmentation de son coût prévisionnel, qui était passé de 35 M€ à 52,4 M€, dont un tiers financé par des mécènes privés. Mais cela sans compter la récente hausse du prix des matières premières et de l’énergie, qui aurait alourdi la facture de 15 millions d’euros supplémentaires, précise Nantes Métropole. Le montage juridique, avec obligation de soumissionner pour les travaux, était également devenu plus complexe et devait s’accompagner d’un surcoût supplémentaire estimé à 13 millions d’euros, indique la collectivité. Ou un projet Heron Tree aujourd’hui évalué à environ 80 millions d’euros !
« 80 millions d’euros, c’est trop pour la métropole et les Nantais. Ce n’est pas compatible avec le contexte actuel. Qui aurait pu imaginer, par exemple, l’an dernier que le prix de l’acier augmenterait de 56 % ? Ma responsabilité de maire est d’avoir le courage de reconnaître que les choses ont changé”, explique jeudi Johanna Rolland. “Nous aurons d’autres occasions de promouvoir ensemble la métropole. Nantes va continuer à rêver mais, dans ce projet, c’est la raison qui doit prévaloir”, ajoute le maire socialiste.
Les opposants revendiquent la victoire
Le projet a été critiqué tant par la droite nantaise que par des élus écologistes. “Cet abandon inéluctable est une bonne nouvelle pour notre territoire”, se réjouit Julie Laernoes, députée d’EELV. Les écologistes ont pointé à plusieurs reprises l’incohérence de ce projet face aux urgences climatiques et sociales. Son coût exorbitant, sa structure financière fragile et sa vision dépassée de la culture en ont eu raison. »
L’abandon de l’Arbre de les Garses brouille désormais l’avenir du site des Machines de l’île, une locomotive touristique nantaise dont l’histoire était entièrement centrée sur la perspective de l’Arbre. Ses auteurs, François Delarozière et Pierre Oréfice, doivent s’exprimer vendredi. “J’ai ressenti leur déception, voire leur colère, ce qui est légitime. Parlons-en avec eux”, confie Johanna Rolland.
Quant aux dépenses déjà engagées dans le projet, elles s’élèvent à 8,5 millions d’euros, dont 6,2 millions d’euros d’argent public (4,5 millions d’euros pour la métropole et 1,7 million pour l’Etat). La moitié de cette somme a été affectée à la construction du « bestiaire mécanique », qui restera exposé dans un lieu et un format à définir.