Des soldats français de la force “Barkhane” patrouillent dans les rues du village de Guintou, près de Gao, au Mali, le 4 décembre 2021. THOMAS COEX / AFP
Sortez en l’annonçant, mais discrètement. Cela semble avoir été le mot d’ordre de la France pour mettre fin à une séquence de neuf ans d’intervention militaire au Mali. Lundi 15 août, “le dernier détachement de la force “Barkhane” présent sur le sol malien a franchi la frontière entre le Mali et le Niger”, a annoncé l’état-major de l’armée.
Le premier avait été déployé au Mali en 2013 dans le cadre de l’opération antiterroriste « Serval », devenue « Barkhane » l’année suivante. Les derniers militaires français, partis lundi, étaient basés dans le camp de Gao. Cette ville du nord-est est située dans la zone dite des trois frontières adjacentes au Mali, au Burkina Faso et au Niger, épicentre de l’activité des groupes armés sahéliens liés à l’organisation État islamique ou Al-Qaïda. Gao était la principale base de l’opération française au Sahel, avec 5 100 hommes au total, présents au Mali, au Niger et au Tchad.
Le retrait militaire français du Mali a débuté fin 2021. Progressivement, “Barkhane” a rendu à l’armée malienne les clés de ses bases de Kidal, Tessalit, Tombouctou, Gossi puis Ménaka. Mais cette fois, Paris et Bamako semblent avoir été épargnés par toute cérémonie officielle de passation de pouvoir. Cependant, Gao était la plus grande base française en Afrique. Cette sortie en douce est le signe de la tension entre les deux pays, dont les relations se sont progressivement détériorées depuis le coup d’État militaire d’août 2020.
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Se recentrer sur le Niger
Le 28 juillet, lors d’une visite officielle en Guinée Bissau, Emmanuel Macron avait jugé que la lutte contre le terrorisme n’était “plus l’objectif” de la junte militaire malienne. “C’est ce qui a présidé à notre choix de quitter le sol malien”, a-t-il ajouté. Bamako avait dénoncé cette position “néocoloniale, paternaliste et condescendante”.
La “ré-articulation du dispositif de l’opération “Barkhane””, selon les termes employés par l’Elisi, devrait lui permettre de se recentrer sur le Niger. “La France reste attachée au Sahel, au golfe de Guinée et à la région du lac Tchad”, a déclaré la présidence française. Pour Paris, « l’efficacité [des soldats français] elle s’est manifestée par la neutralisation de la plupart des cadres supérieurs dans la hiérarchie des groupes terroristes maliens ». Bien que ces groupes soient toujours actifs.
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Le 7 août à Tessit, région de Gao, au moins 42 soldats maliens ont été tués, rappel de la puissance de feu des jihadistes. D’autant plus que la menace se déplace vers le sud, se rapprochant de Bamako. Les pays voisins riverains du golfe de Guinée ne sont plus épargnés.
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