Gerhard Schröder, devenu un paria politique en Allemagne en raison de ses liens avec Vladimir Poutine, poursuit la chambre basse allemande pour le priver de ses avantages.
L’ancien chancelier allemand Gerhard Schröder, devenu une figure controversée pour ses liens avec Vladimir Poutine, a engagé une procédure judiciaire contre la Chambre des députés de son pays qui l’a privé de certains de ses avantages, a-t-il annoncé vendredi 12 août, a indiqué son avocat à l’AFP.
Les informations sur une action en justice sont “correctes”, a déclaré l’avocat Michael Nagel. Par ailleurs, un porte-parole du tribunal administratif de Berlin a confirmé qu’une plainte avait bien été déposée.
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En mai, le Bundestag, la chambre basse du parlement, a décidé de dépouiller l’ancien chef du gouvernement social-démocrate (1999-2005) de certains de ses avantages d’ancien chancelier, dont des fonctions attribuées par l’Etat fédéral. . Les députés ont alors assuré “prendre les conséquences de leur comportement (…) face à l’invasion russe de l’Ukraine”, selon la commission du budget du Bundestag. Mais son avocat, s’exprimant vendredi matin sur la radio publique régionale NDR, a jugé cette décision “illégale” car Gerhard Schröder “n’avait appris tout cela que par les médias”. Il n’a pas non plus eu l’occasion de s’exprimer devant la commission parlementaire chargée de statuer sur ces avantages, selon Michael Nagel. Le Bundestag n’a pas souhaité se prononcer sur cette plainte à ce stade.
Gerhard Schröder, 78 ans, s’était lié d’amitié avec le président russe au début des années 2000, qu’il qualifiait en 2004 de “parfait démocrate”. L’ancien dirigeant, mentor de l’actuel chancelier Olaf Scholz, a décidé en mai de quitter le conseil d’administration de la compagnie pétrolière Rosneft et dit avoir renoncé à rejoindre celui du géant gazier Gazprom. Mais contrairement à la plupart des anciens dirigeants européens présents avant-guerre dans les instances dirigeantes des entreprises russes, Gerhard Schröder, également très impliqué dans Nord Stream AG, les gazoducs controversés entre la Russie et l’Allemagne, a tardé à renoncer à ses différentes fonctions. Le Parti social-démocrate allemand (SPD) a cependant décidé cette semaine de le maintenir dans ses rangs.
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En tant qu’ancien chancelier, il a eu droit à divers postes à la Chambre des députés et s’est vu allouer un budget pour embaucher du personnel. Un privilège qui coûte aux contribuables 400 000 euros par an. Abandonné ces derniers mois par certains de ses collaborateurs, il a néanmoins conservé une protection policière et une pension de retraite en tant qu’ancien recteur.
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