Un membre de la délégation d’inspection contrôle le ‘Razoni’, le cargo transportant 26 000 tonnes de maïs en provenance du port d’Odessa, en Ukraine, au large de la côte nord-ouest d’Istanbul, le 3 août 2022. TURKISH MINISTERY OF DEFENSE / AFP
C’était censé être un triomphe humanitaire : le grain ukrainien a brisé cinq mois de blocus naval russe pour approvisionner le Moyen-Orient et l’Afrique. Mais le Razoni, premier navire de la marine, a jeté le doute sur la reprise du trafic maritime depuis l’Ukraine. Le navire, qui a quitté le port d’Odessa le 1er août grâce à un accord tripartite entre la Russie, l’Ukraine et la Turquie sous l’égide des Nations unies, et son affréteur font en effet face à de graves déboires commerciaux qui pourraient également être partagés par dizaines. des agriculteurs qui sont partis par la suite.
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Dans la soirée du mercredi 10 août, le cargo battant pavillon de la Sierra Leone a accosté pour la première fois à Mersin, en Turquie, après avoir tourné pendant quatre jours au large de Chypre. Pour finir par livrer à peine 5 % des 26 527 tonnes de maïs qu’elle transporte à un acheteur turc. En principe, le Razoni devrait reprendre la mer pour décharger le reste de sa cargaison en Égypte, a déclaré à Reuters le chef de la compagnie maritime turque Toros Lojistik Kargo. Ce n’est qu’une supposition, car Toros n’était responsable que de la livraison au port de Mersin.
“Problème de qualité”
Tout allait bien jusqu’à ce que le céréalier traverse le Bosphore pour se jeter dans la mer Égée. Un comité d’accueil, organisé par l’ambassade d’Ukraine au Liban, attendait le navire le 7 août au port de Tripoli pour une opération de communication à destination des acheteurs de céréales et du grand public. Mais l’acheteur initial de la cargaison, une société libanaise, a soudainement fait faillite, malgré le besoin urgent de céréales dans ce pays.
Après quelques jours d’incertitude, l’ambassade d’Ukraine au Liban a finalement publié un communiqué de presse dans lequel elle expliquait modestement que le délai de cinq mois – dû au blocus – entre le chargement des céréales et la livraison avait « incité l’acheteur et le compagnie maritime à accepter d’annuler la commande. » Comme si l’acheteur, premier concerné, découvrait soudain le retard de livraison, alors que l’attention du monde était braquée sur le navire. Les rumeurs volaient, notamment sur d’éventuelles pressions russes exercées sur les Libanais. acheteur.
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“Je ne pense pas que ce soit une pression politique. L’explication est plus réelle”, explique Andrey Sizov, consultant SovEcon et expert du marché céréalier autour de la mer Noire, au Monde. “C’est un problème de qualité du maïs, qui est resté dans les cales du navire pendant cinq mois, alors que le délai maximum est d’un mois. Le maïs se détériore rapidement, développant des mycotoxines et rendant la cargaison impropre à la consommation, même s’il s’agit d’aliments destinés au bétail et non à l’homme. Peut-être qu’un échantillon a déjà été prélevé ? Avant de quitter les eaux de la mer Noire, le Razoni a été inspecté conjointement par les Turcs et les Russes, conformément à l’accord tripartite.
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