Le classement du gaz et du nucléaire comme énergies “durables” validé par les eurodéputés

Centrale nucléaire de Cattenom en Moselle. STEFAN KÜHN / CC BY-SA 3.0

Le vote devait être serré, la question divisée même au sein des familles politiques. Les députés européens ont validé mercredi 6 juillet le projet d’étiquetage vert pour les centrales nucléaires et à gaz, deux sources d’énergie considérées par Bruxelles comme nécessaires pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Les eurodéputés devaient dire s’ils approuvaient ou non une objection, approuvée le 14 juin par les commissions parlementaires des affaires économiques et de l’environnement, synonyme de veto contre le texte de l’exécutif européen. Un rejet aussi rare aurait été une gifle pour la Commission européenne.

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“Lavage vert”

Cette classification (appelée taxonomie) devrait permettre de mobiliser des fonds privés pour ces projets. Elle s’inscrit dans l’objectif de neutralité carbone de l’UE d’ici 2050. Mais la reconnaissance de la contribution du gaz et du nucléaire à la lutte contre le changement climatique, bien qu’elle se fonde sur des rapports d’experts, provoque la colère des organisations environnementales qui dénoncent une « opération de greenwashing ». Jusqu’à présent, le label “vert” était réservé aux énergies renouvelables.

Depuis mardi, les associations écologistes manifestent à Strasbourg. Quelque 150 personnes ont défilé sur le Parlement européen, avant un débat en plénière. “Le nucléaire ne sauvera pas le climat”, disait une banderole.

Le texte controversé, présenté en janvier par la Commission, qualifie certains investissements pour la production d’électricité dans des centrales nucléaires – qui n’émettent pas de CO2 – ou des centrales à gaz de “durables”, pour peu qu’ils mobilisent les technologies les plus avancées. Et, pour ces derniers, qui permettent de fermer des centrales au charbon beaucoup plus polluantes.

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Dans l’hémicycle, le premier a également donné de la voix mardi. D’autant que l’actualité de la guerre d’Ukraine, qui a mis en lumière le danger d’une dépendance aux hydrocarbures russes, a renforcé l’hostilité de certains élus. “Il n’y a rien de durable dans les combustibles fossiles”, a déclaré l’eurodéputée suédoise Emma Wiesner (groupe Renew, libéral). « Comment pouvons-nous demander aux autres pays de réduire leur consommation d’énergies fossiles si nous les classons comme verts ? Cela nuira à l’accord de Paris », a déclaré le Néerlandais Bas Eickhout (Verts).

« Temporairement indispensable à la transition »

“Personne ne dit que le gaz et le nucléaire sont des énergies vertes, mais ils sont temporairement indispensables à la transition. Nous devons utiliser tous les outils pour nous passer en priorité du pétrole et du charbon », a admis l’eurodéputé français Gilles Boyer (Rénover). La taxonomie de l’UE « donne la priorité aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique », a-t-il rappelé la commissaire aux services financiers Mairead McGuinness, venue pour défendre son texte à Strasbourg.

Mais l’exécutif européen estime que les énergies renouvelables ne suffiront pas à elles seules à répondre à la demande croissante d’électricité en raison de leur production intermittente. D’où la nécessité, au moins temporairement, de favoriser également les investissements dans des moyens stables et contrôlables comme le gaz et le nucléaire.

Le label “vert” de ces deux sources d’énergie a déjà reçu l’approbation des États membres. Seuls huit pays, dont l’Allemagne, l’Autriche et le Luxembourg, ont exprimé leur opposition lors des consultations menées par la présidence française du Conseil de l’UE, loin de la “supermajorité” de vingt pays nécessaire pour bloquer le projet. La France, qui veut réactiver sa filière nucléaire, et des pays d’Europe centrale comme la Pologne, qui doit remplacer ses centrales à charbon, sont derrière la Commission.

Le monde avec l’AFP

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