Référendum en Tunisie : la nouvelle Constitution approuvée à plus de 94%

Publié le : 27/07/2022 – 00:20

Selon les résultats officiels préliminaires, 94,6% des électeurs tunisiens qui se sont rendus aux urnes ont voté “oui” à l’approbation de la nouvelle Constitution proposée par le président Kaïs Saïed. Victoire en demi-teinte, due à une très forte abstention.

Le président Kaïs Saïed a remporté la victoire mardi 26 juillet avec l’approbation écrasante d’une nouvelle Constitution qui lui accorde de larges prérogatives au risque de mettre en danger la jeune démocratie tunisienne, mais la faible participation sape la légitimité du processus, selon ses opposants.

La nouvelle loi fondamentale a été approuvée à une écrasante majorité de 94,6%, selon les résultats préliminaires officiels annoncés mardi soir par le président de l’autorité électorale, Farouk Bouasker, après de longues opérations de dépouillement. La participation, jugée très faible, a légèrement augmenté par rapport aux chiffres provisoires annoncés la veille, “jusqu’à 2,756 millions d’électeurs” soit 30,5% des inscrits, contre 2,46 millions d’électeurs et une participation de 27,54% annoncée la veille.

La coalition d’opposition Front du salut national (FSN), qui avait appelé au boycott du scrutin en dénonçant un texte “sur mesure” pour M. Saïed, a accusé l’Isie d’avoir “falsifié” en exagérant les chiffres de fréquentation dans les urnes. . Pour le FSN, qui comprend le mouvement d’inspiration islamiste Ennahdha, la folie de M. Saied de ne pas se rendre aux urnes, « 75 % des Tunisiens ont refusé d’approuver le projet de putsch lancé un an par Kais Saied.

Une grave crise économique

La Tunisie, confrontée à une crise économique exacerbée par le Covid et la guerre en Ukraine dont elle dépend pour les importations de blé, est fortement polarisée depuis que M. Saïed, élu démocratiquement en 2019, a pris tous les pouvoirs le 25 juillet 2021, arguant que le pays est ingouvernable.

Dans la première position étrangère sur ce référendum contesté, les Etats-Unis ont mis en garde contre le risque que la Constitution ne garantisse pas suffisamment les droits et libertés des Tunisiens. “La nouvelle Constitution comprend des freins et contrepoids affaiblis, qui pourraient compromettre la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales”, a déclaré Ned Price, porte-parole du département d’État américain.

Cornes et drapeaux

Dès la publication lundi soir des estimations de l’institut de sondage indépendant Sigma Conseil, des centaines de partisans du président se sont rendus avenue Bourguiba, dans le centre de Tunis, pour fêter “sa victoire”. Vers 01h00 GMT, Kaïs Saïed s’est présenté devant la foule en liesse. “La Tunisie est entrée dans une nouvelle étape”, a-t-il dit, assurant que la Constitution lui permettra de passer “d’une situation de désespoir à une situation d’espoir”.

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La nouvelle Constitution accorde de larges prérogatives au chef de l’Etat, en rupture avec le système parlementaire en vigueur depuis 2014. Le président, indiscutable, nomme le chef du gouvernement et les ministres et peut les révoquer comme il l’entend. Il peut présenter au Parlement des textes législatifs “prioritaires”. Une deuxième chambre représentera les régions, en contrepoids à l’actuelle Assemblée des députés (députés).

Sadok Belaïd, l’avocat mandaté par M. Saïed pour rédiger un projet de Constitution, a désapprouvé le texte final, estimant qu’il pourrait “ouvrir la voie à un régime dictatorial”.

Contrôles et contrepoids très limités

Les défenseurs des droits de l’homme et l’opposition dénoncent l’absence d’équilibres et de garde-fous dans ce texte.

Kais Saied, 64 ans, voit dans cette révision la suite de la “correction de cap” entamée le 25 juillet 2021 lorsque, invoquant des impasses politiques et économiques, il a limogé son Premier ministre et gelé le Parlement avant de se dissoudre en mars. Pour de nombreux experts, l’avenir politique de M. Saïed dépendra de sa capacité à relancer une économie dans une situation catastrophique avec un chômage très élevé, un pouvoir d’achat en chute libre et un nombre croissant de pauvres.

Avec l’AFP

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